samedi 14 février 2015

Mais Ronda la tauromachique...

Il n'y a qu'un seul hic à cette ville pleine de charme, mais pour moi il est de taille : c'est qu'elle est tauromachique !
Tauromachique à en perdre haleine !
Devant l'arène
Il y a bien sûr l'arène de taureau et les magasins de souvenirs qui vont avec, comme à Séville ou à Malaga. Mais il y a aussi plein de lieux, cafés ou restaurants où  les références à la tauromachie sont particulièrement présentes.




C'est ainsi qu'hier je me retrouve dans un bar à tapas qui de l'extérieur ne laissait rien présager et que l'on m'avait conseillé, "la dame qui tient le bar est très gentille et très communicante" m'assure-t'on, alors je rentre confiant sans trop faire attention, je commande une portion de paella à une dame effectivement plutôt sympathique et qui tient absolument à me faire goûter sa paella maison, puis j'écarquille un peu plus les yeux pour voir le décor qui m'entoure...


C'est alors que je vois tout autour de moi d'un côté partout peins de photos multicolores de tauromachie et de l'autre plein de représentations d'un Jésus crucifié ou d'une vierge Marie en transe... Un peu géné de me retrouver là, moi le (semi) végétarien de service, je me risque alors à demander à la tenancière fort agréable au demeurant : "No hay una contradicion ?"
Avec mon mauvais espagnol, j'ai du mal à argumenter mais je parviens quand même à préciser ma pensée et à dire : "Tu piensas que a Jesus le gustaria la toromachia ? Mi pienso que no..."
C'est là que je commets une erreur, j'aurais dû la laisser venir au lieu de répondre moi-même à la question car là elle se contente de répondre : "Es tu opinion, cada tiene su opinion."
Puis elle ajoute : "No hay contradicion. Son cosas diferentes. Hay la fe (la foi) ; y hay la toromachia, y la toromachia es un arte."

Voilà, d'un côté il y a la foi, et de l'autre il y a la tauromachie, qui est associé à un art,  Et on ne fait pas de lien entre les deux. On sépare les choses. Ainsi il n'y a pas de problème, pas de remise en question.
Je n'ai pas osé prendre de photos devant elle mais le lendemain je prends un café dans une autre cafeteria et à nouveau le même type de décors et de contraste s'offre à moi. Cette fois je demande à pouvoir prendre des photos mais n'engage pas la conversation...

;


Je demande plus tard à la réceptionniste du petit hôtel où je me trouve si ce mélange des genres est récurrent à Ronda.

Il semble en effet que cette étrange cohabitation soit assez courante, et qu'elle n'est pas questionnée ou remise en question tout simplement parce-que les gens n'en parlent pas.
Ainsi d'un côté en septembre il y a la feria durant une semaine qui se termine par la corrida goyesque (goyesca) le samedi, et de l'autre en avril il y a la semana santa (semaine sainte précédant Pâque) comme dans toutes les villes d'Espagne et qui se vit avec une intensité exceptionnelle par rapport à ce qui se passe en France.

La corrida à fond (à mort pourrait-on dire) d'un côté : la mise à mort lente et cruelle d'un animal mise en scène pour l'assimiler à une forme d'art, et la ferveur religieuse à fond de l'autre, et tout cela cohabite allègrement !

Schizophrénie ?

Le poids de la cuture taurrine et des conditionnements qui en résultent en sont certainement la cause...

A suivre, peut-être.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire